Martinet & Texereau – Passage 6

Description

Depuis notre rencontre à l’École nationale des Arts décoratifs de Paris, notre duo s’attache à relever le défi d’une écriture commune qui ne soit pas la simple somme de deux écritures individuelles. Cela suppose de revisiter le processus de création, de s’interroger sur la répartition des tâches mais aussi de développer des interactions autour des choix esthétiques et des thématiques retenues.

L’enjeu de notre travail est d’accrocher le regard de nos contemporains à un quotidien devenu invisible. Nous souhaitons ainsi partager nos observations et nos interrogations sur ce qui n’est plus regardé parce que considéré comme banal, ordinaire voire insignifiant.

Même si notre regard reste circonscrit et que nos dessins ne prétendent pas à une représentation exhaustive de la vie ordinaire, nous nous attachons à valoriser des objets anodins et un environnement architectural souvent standardisé. Notre processus consiste à réaliser d’abord des prises de vues in situ. Nous dressons ensuite un inventaire de ce qui est perçu comme ordinaire pour le transposer sous forme de dessins à la mine graphite.

C’est lors du passage entre le réel à la surface du papier que se révèle l’ambivalence du décor quotidien. Ce monde qui nous entoure, que nous ne voyons plus à force de familiarité, apparaît subitement, comme s’il lui avait fallu passer par la fragilité du dessin pour se donner à voir.

Ainsi les dessins réalisent une étrange abstraction dans leur neutralité figurative même : ils arrachent le décor au continuum spatial et matériel et révèlent leur artificialité.

Des façades d’architecture, des pavillons de banlieue, des vitrines de magasins, des halls d’immeubles, des pièces à vivre et leur mobilier sont comme mis à distance par un dessin qui transfigure ce qui nous entoure. Ce dernier cesse d’être un environnement, un monde “ambiant” dont nous serions le centre, pour devenir le vis-à-vis d’une image, simple surface posée devant nous.