Le support est brut, en lin naturel tendu sur un fond rigide. Sur ce cadre solide peuvent alors se croiser en désordre et s’appliquer avec force plusieurs matériaux. Le chanvre, le papier de Chine Wengzou, le Lokta ou ceux plus anciens trouvés dans les vide-greniers. Ces matières s’assemblent par couches successives tout comme l’enduit de lissage se mêle à la peinture acrylique, à l’encre et aux pigments purs.
Ce travail de superposition est un processus lent et méditatif ponctué d’épisodes violents, charnels, et fusionnels. Déchirés, poncés, ou gravés les matériaux subissent de nombreux passages. Ils cessent une fois le point ultime d’équilibre rencontré, lorsque couleurs et formes auront trouvé leur place. Cette dualité du processus de création se manifeste jusque dans les moindres détails. Un contraste entre le mat et le brillant, de l’opposition entre la verticalité et l’horizontalité, d’une infime touche de couleur chaude en réaction aux couleurs froides.
L’ouvrage naît d’une histoire commune qui se tisse avec le temps, la finalité ne m’intéresse pas. Dans ce cheminement émotionnel, il y a la notion de mémoire à travers le prisme de voyages réels ou imaginaires. Il y a l’intimité des souvenirs que je retranscrits dans mes paysages urbains ou dénués de présence humaine. Instinctif et maîtrisé, mon travail est à l’image de la nature sauvage et puissante qui m’entoure et la place de l’homme dans cet espace de liberté.