L’art et ses effets sur le cerveau

L’art rend-il heureux ? Quel lien existe t-il entre l’art et l’intelligence ?

Passionnée par ces sujets, je ne pouvais pas manquer la conférence proposée au musée des Beaux-Arts de Lyon mercredi 03 avril, intitulée « L’art et ses effets sur le cerveau ».

Cet échange était proposé par Muriel Charrière, médiatrice culturelle du musée, et animé par Suliann Ben Hamed, directrice de recherche à l’Institut des sciences cognitives de l’université de Lyon. Je vais tenter de partager ce que j’y ai appris…

 

 

L’effet de l’art sur l’homme

Effet positif de la peinture sur l’humeur, amélioration du bien-être émotionnel et de la qualité de vie de patients, réduction du stress chez les sujets pratiquant au moins une activité artistique telle que la peinture, la musique, le théâtre ou la danse… Les études récentes montrent un impact positif des arts visuels sur notre bien-être. (voir études en bas de page).

 

Art et intelligence

Le fait de peindre ou de jouer du piano augmente-t-il notre quotient intellectuel ?

Et bien non ! En revanche, dessiner augmenterait la motricité fine et pourrait donc faciliter la pratique du piano. Et vice versa. Là où le QI est à 75% le fruit de nos gènes, cela ne semble pas être le cas pour la créativité. Nous ne pouvons pas apprendre à devenir « très » intelligent, en revanche nous pouvons nous entrainer à devenir créatif.

Mais dans quel but ? Les études actuelles suggèrent que la créativité correspondrait « à un état particulier du cerveau et qu’apprendre à devenir créatif c’est apprendre à se mettre dans cet état là. C’est un état où l’on est capable d’avoir une plus grande connectivité entre plusieurs régions du cerveau, en particulier 2 types de régions (…), des régions impliquées dans l’intériorité, le rêve, l’imagination etc… et les autres impliquées dans la gestion des émotions et des affects » souligne Suliann Ben Hamed.

Le schéma de Jung tente une explication visuelle du processus neuronal de la créativité en opposition à l’intelligence (cf graphique ci-dessous). Il n’est pas ici question de comportements humains mais bien de connections neuronales !

 

 

L’empathie dans l’art

Pour comprendre, rien de mieux qu’un exercice pratique. A ce stade de la conférence, Suliann Ben Hamed nous montre une peinture représentant un portrait de femme. Elle nous demande ensuite, à travers un travail d’introspection, d’essayer de saisir l’émotion du sujet.

Quelques minutes plus tard, la question est posée : « Qui a tenté de faire la même expression faciale que celle représentée sur le tableau ? » Nous étions peut-être 80 personnes dans la salle, et seulement une main s’est levée.

Sa réponse est sans appel : »il n’est pas possible de rentrer en empathie et de comprendre une émotion si nous ne nous la représentons pas dans notre propre corps ». C’est là où le bât blesse… Les 79 autres personnes de la salle, y compris moi, n’avions tout simplement pas fait l’effort d’essayer de comprendre 🙂

Cette notion est fondamentale pour comprendre le travail d’un artiste. Qu’il utilise le figuratif ou l’abstrait pour s’exprimer, un artiste se doit d’affiner encore et toujours son rapport à l’autre, à la nature, pour arriver à transmettre ce qu’il a vu.

 

Ce n’est que le début…

L’art a un impact sur le corps, indéniablement. Et même si nous en sommes aux prémices de la compréhension scientifique des effets de l’art, les études réalisées à ce jour montrent que le fait de regarder une œuvre, ou de la créer, aide à nous connecter plus facilement à nos émotions, et laisse sous-entendre la possibilité de mieux se connecter aux autres.

Et si on commençait maintenant ?

Je vous propose de poser votre regard sur une œuvre de Pauline Bazignan. Pour ma part, lorsque je la regarde, je pense au partage, à la liberté, à l’importance de l’encrage…

Et vous ?

 

Pauline Bazignan – Sans titre – 146×114 cm

 

Quelques études…

–       Mahendran et al. Trial 2018 : Effet positif de la peinture sur l’humeur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer

–      Schall et al. Dementia 2018 – projet Artemis : une intervention en musée des beaux-arts permet une amélioration du bien-être émotionnel et de la qualité de vie des patients atteints de démence sénile

–       « Le Louvre à l’hôpital » (en cours) : tente d’apporter de nouvelles réponses quant à la corrélation entre fréquentation d’une oeuvre et le bien-être des patients.

–       Martin et al. Behavioral Sci. 2018 : 81,1% des études réalisées montrent une réduction du stress chez les sujets pratiquant au moins une activité artistique telle que la peinture, la musique, le théâtre ou la danse.

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Maximilien Hauchecorne I Murs Blancs